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LA BELLE ALSACIENNE


quis par l’expérience, elle s’est formé un esprit délié et fait au manège : bien des gens disent qu’elle est fourbe ; ils se trompent, elle n’est qu’adroite. Pour son cœur, c’est bien le meilleur que je connaisse ; enclin à peu de passions, à force d’en avoir épuisé le sentiment ; facile à persuader, poussant la bonté jusqu’à la dernière indulgence ; cette tendresse compatissante n’est pas chez elle une vertu de tempérament, c’est la force de la réflexion qui l’a fait passer en habitude ; en sorte que l’on peut dire qu’on n’a jamais obligation de son extrême complaisance à sa sensibilité, mais à sa raison : douce, insinuante, se prêtant à tout, toujours prête à excuser toutes sortes de faiblesses, en un mot digne d’être proposée pour modèle à ces femmes qui ont l’âme assez belle pour consacrer leurs travaux à la satisfaction du public. Cependant, comme il n’y a rien d’absolument parfait, il y a quelques petites ombres au tableau : on l’accuse d’être avare, vindicative lorsque l’on choque ses intérêts, trop attachée aux amuse-