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LA BELLE ALSACIENNE


le fait naître et l’anéantit. Il reparaît de nouveau pour s’échapper avec la même promptitude ; nous y volons sans cesse avec empressement, animés par l’espoir de fixer son inconstance : mais il trompe tous les efforts que nous faisons pour le retenir, jusqu’à ce qu’enfin, épuisés par les fatigues d’une course inutile, nous soyons obligés de renoncer à une entreprise aussi folle que celle de prétendre fixer la volonté fugitive. C’est ainsi que notre cœur, triste jouet des passions, après avoir été quelque temps la dupe d’un délire qui le séduit, ne revient d’une erreur dangereuse que pour ressentir plus vivement toute l’humiliation dont l’accable la découverte de son erreur : flétri par un dégoût insurmontable, les désirs même, seule consolation qui pourrait adoucir l’amertume de son état, lui sont interdits.

Il arrivera peut-être que ces réflexions seront trouvées trop sérieuses ; mais je supplie mes lecteurs de suspendre leur jugement et de ne pas me condamner d’avance. La suite fera bientôt voir que