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vide que dut occasionner dans ces contrées la chute de l’Empire, sur lequel s’étaient précipitées plus de trente nations ; la seconde est que l’Allemagne et la Hongrie, d’où sortaient également ces barbares, offrent aujourd’hui un pays tellement amélioré, que leurs habitants peuvent y vivre sans peine et ne sont plus obligés de changer de patrie. D’un autre côté, ces nations, douées de toutes les vertus guerrières, étant comme un boulevard opposé aux entreprises des Scythes, qui bordent leurs frontières, ces barbares ne s’imaginent plus pouvoir les vaincre et s’ouvrir un passage à travers leurs États. Plusieurs fois les Tartares ont tenté de nouvelles invasions ; mais ils ont toujours été repoussés par les Hongrois et les Polonais ; et c’est avec raison que ces peuples se glorifient de ce que, sans la force de leurs armes, l’Italie et l’Église auraient senti le poids de ces hordes de Tartares. Mais je crois en avoir dit assez sur ces peuples.



CHAPITRE IX.


Des causes qui donnent ordinairement naissance à la guerre entre les souverains.


Les causes qui firent naître la guerre entre les Romains et les Samnites, avec lesquels ils avaient été longtemps ligués, sont les mêmes que celles qui s’élèvent entre tous les États égaux en puissance : elles sont le produit du hasard, ou naissent du désir que l’un d’entre eux a de voir la guerre s’allumer. Celle qui s’éleva entre les Romains et les Samnites fut l’effet des événements. L’intention des Samnites, en attaquant les Sidicins et ensuite les Campaniens, n’était pas de faire la guerre aux Romains ; mais les Campaniens, sur le point de succomber, se jetèrent dans les bras de Rome, contre l’attente