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XXVII.

Destain qui vas filant la trame de ma vie,
Tranche quand tu voudras l’heureux fil de mon jour :
Car mourant prisonnier de Cleande et d’Amour,
D’un glorieux honneur ma mort sera suivie.

Belle et douce prison où mon ame asservie,
Comme les Dieux au Ciel a esleu son sejour,
Tes nœuds sont des lauriers qui verdoyans toujour,
Erernisent ma gloire et ma pudique enuie.

Belle et douce prison tu me rends immortel,
Favorable destin sçachant ton traict mortel,
Tu fais naistre soudain les palmes sur ma tombe.

Heureux donc mille fois les chainons de mon cœur,
Car ou soit que je vive ou bien soit que je tombe
Sur l’autel de la mort, j’ay tousjours de l’honneur.

XXVIII.

Miroir où nuit et jour je voy mon inhumaine,
Tableau où mon vainqueur figure la beauté
Qui enlace mon ame en sa captivité,
Seul demon de ma vie et sorcier de ma peine :

Papillon voletant autour de ma Sirene,
Dont les jumeaux soleils bruslent ma liberté,