Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/474

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion, répété plusieurs fois par les échos des sommets environnants. Frappé d’horreur, je me réveillai pour passer de mes terreurs imaginaires à des craintes trop réelles.

Les sons qui m’avaient effrayé en rêve n’étaient pas purement imaginaires. Ils frappèrent de nouveau mes oreilles ; mais il s’écoula deux ou trois minutes avant que je pusse recueillir mes sens, et comprendre qu’ils provenaient de grands coups qu’on frappait à la porte. Dans mon inquiétude, je sautai à bas du lit, je saisis mon épée, et me hâtai d’aller m’opposer à ce que la porte fût ouverte. Malheureusement je fus obligé de faire un circuit, la bibliothèque ne donnant pas sur la cour, mais sur les jardins. En arrivant sur l’escalier, dont les fenêtres donnaient sur la cour, j’entendis le vieux Syddall répondre d’une voix faible et intimidée à des gens du dehors, qui, d’un ton brusque et impérieux, demandaient l’entrée au nom du roi et en vertu d’un mandat du juge Standish, menaçant le vieux domestique de toute la sévérité des lois s’il n’obéissait à l’instant même. À mon grand déplaisir j’entendis en même temps la voix d’André qui commandait à Syddall de se retirer, et de lui laisser ouvrir la porte.

« S’ils viennent au nom du roi George, nous n’avons rien à craindre, car nous avons répandu pour lui notre sang et notre or. Nous n’avons pas besoin de nous cacher comme certaines gens, monsieur Syddall ; nous ne sommes ni des jacobites, ni des papistes, j’espère. »

C’était en vain que je descendais en toute hâte ; j’entendis l’officieux drôle tirer les uns après les autres les verrous de la porte, tout en vantant sa fidélité et celle de son maître envers le roi George, et je vis aussitôt que j’arriverais trop tard pour m’opposer à l’entrée de ceux qui se présentaient. Dévouant intérieurement les épaules d’André au bâton sitôt que j’aurais le temps de récompenser ses bons offices, je courus à la bibliothèque, en barricadai la porte du mieux que je pus, et me hâtai d’aller frapper à celle par laquelle Diana et son père s’étaient retirés, en les suppliant de me laisser entrer sur-le-champ. Ce fut Diana elle-même qui m’ouvrit ; elle était habillée, et rien en elle n’annonçait la crainte ou l’émotion.

« Le danger nous est si familier, me dit-elle, qu’il nous trouve toujours prêts à lui faire face. Mon père est déjà levé ; il est dans l’appartement de Rashleigh. Nous fuirons par le jardin, et de là