Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/212

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que la société d’une demi-douzaine de fous pour jouer au wisk lui ferait plus de plaisir que l’Arioste lui-même s’il revenait à la vie. »

Ce qui donnait du poids dans mon esprit à ces réflexions, c’est que m’étant décidé à montrer à Diana ma traduction des premiers chants de l’Arioste, je l’avais priée d’engager Martha à venir prendre du thé le soir dans la bibliothèque, et que miss Vernon avait refusé sous un prétexte qui m’avait semblé assez frivole. Comme je réfléchissais sur ce pénible sujet, la porte de derrière du jardin s’ouvrit, et les figures d’André et de son compatriote chargé de sa balle traversèrent l’allée éclairée par la lune, et appelèrent mon attention.

Je trouvai en M. Macready, comme je m’y attendais, un Écossais rusé et retors, grand recruteur de nouvelles, autant par goût que par état. Il me raconta en détail ce qui s’était passé dans la chambre des communes et dans celle des lords, au sujet de l’affaire de Morris, dont on s’était servi, à ce qu’il paraît, comme d’une pierre de touche pour connaître l’esprit du parlement. Il m’apprit aussi, comme me l’avait déjà dit André, que le ministère ne s’était pas trouvé assez fort pour soutenir une accusation qui compromettait des hommes d’un certain rang, et qui n’était fondée que sur la déposition d’un individu d’une réputation aussi équivoque que ce Morris, qui, de plus, se contredisait à chaque instant dans son récit. Macready me donna même un exemplaire d’un journal qui circulait rarement hors de Londres, et qui contenait le résumé des débats, aussi bien que le discours du duc d’Argyle, imprimé, dont il avait acheté plusieurs exemplaires des colporteurs, parce que, me dit-il, cet article serait d’un bon débit de l’autre côté de la Tweed. Ce journal était une sèche analyse, qui ne m’en apprit guère plus que ne m’en avait dit l’Écossais ; et le discours du duc, quoique plein de chaleur et d’éloquence, était rempli presqu’en entier par un panégyrique de son pays, de sa famille et de son clan, suivi de quelques compliments aussi sincères sans doute, quoique plus modérés, qu’il saisissait cette favorable occasion de s’adresser à lui-même. Je ne pus apprendre exactement si ma réputation avait été compromise ; mais je vis que l’honneur de la famille de mon oncle avait été attaqué, et que Morris avait déclaré que ce Campbell, qu’il indiquait comme le plus ardent de ses deux voleurs, avait déposé en faveur d’un M. Osbaldistone, et avait procuré son élargissement par la conni-