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« Adieu, colonel, dit Waverley ; puissiez-vous trouver votre famille dans l’état où vous le souhaitez. Peut-être nous reverrons-nous plus tôt que vous ne l’attendez : on parle d’entrer immédiatement en Angleterre. »

« Ne me parlez pas de cela, répliqua le colonel Talbot. Je ne veux pas emporter de nouvelles sur vos futures opérations. » — « Alors, tout simplement, adieu. Dites tout ce qu’il est possible de tendre et d’affectueux à sir Éverard et à ma tante Rachel ; serrez-les dans vos bras pour moi. Pensez à moi avec le plus d’amitié que vous pourrez ; parlez-en avec toute l’indulgence que vous permettra votre conscience : et encore une fois, adieu. » — « Adieu, mon cher Waverley, adieu. Mille, dix mille remerciements pour vos généreux procédés. Tirez-vous de la bagarre à la première occasion. Je penserai toujours à vous avec reconnaissance ; et ma plus sévère censure sera de dire : Que diable allait-il faire dans cette galère[1] ? »

Ils se séparèrent, le colonel Talbot pour monter sur la chaloupe, Waverley pour retourner à Édimbourg.


CHAPITRE LVII.

LA MARCHE.


Nous n’avons pas l’intention d’empiéter sur le domaine de l’histoire. Nous nous bornerons donc à rappeler au lecteur qu’au commencement de novembre, le jeune Chevalier, à la tête de six mille hommes tout au plus, se résolut à tout risquer, en essayant une tentative pour pénétrer dans le centre de l’Angleterre, quoiqu’il n’ignorât pas les grands préparatifs qu’on avait faits pour le recevoir. Il partit pour cette croisade dans une saison qui l’aurait rendue impossible pour une autre armée, mais qui donnait à ses intrépides montagnards un avantage réel sur des troupes moins endurcies. Pour échapper à des forces supérieures réunies sur les Borders[2], et commandées par le feld-maréchal Wade, ils assiégèrent et prirent Carlisle, et aussitôt après ils continuèrent leur marche audacieuse vers le sud.

Comme le régiment du colonel Mac-Ivor marchait à l’avant-garde des clans montagnards, lui et Waverley, qui maintenant supportait la fatigue comme un Highlandais et commençait à par-

  1. Phrase de Molière qui se trouve dans le texte. a. m.
  2. Frontières de l’Écosse. a. m.