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« C’est pour la noce de mon frère, » dit-elle en souriant.

« Vraiment ? dit Édouard ; il faut convenir qu’il a bien gardé son secret. J’espère qu’il nie permettra de conduire la mariée. »

« Non, ce n’est pas à vous que cet honneur est réservé, » reprit Flora.

« Et puis-je demander, miss Mac-Ivor, quelle est la belle… ? »

« Ne vous ai-je pas dit depuis long-temps que Fergus n’avait d’autre fiancée que la gloire ? » répondit Flora.

« Me croyez-vous donc indigne de lui servir d’aide et de compagnon dans la route qui y conduit ? reprit notre héros, dont le front se couvrit d’une vive rougeur ; suis-je si mal dans votre opinion ? — « Bien loin de là, capitaine Waverley. Plût au ciel que vous fussiez de notre parti ! Je ne me suis servie de l’expression qui vous a blessé que parce que


À nos drapeaux, nos lois, vous n’êtes point soumis.
Et marchez dans les rangs de nos fiers ennemis.


« Ce temps est passé, ma sœur, dit Fergus, et vous pouvez complimenter, non plus le capitaine, mais Édouard Waverley, d’être affranchi du joug de l’usurpateur, dont il va cesser de porter la couleur sinistre. »

« Oui, dit Waverley en détachant la cocarde de son chapeau, il a plu au roi qui m’avait accordé cette distinction de me la retirer d’une manière qui me donne peu de regret de quitter son service. »

« Le ciel en soit loué ! s’écria la belle enthousiaste. Oh ! puissent-ils être toujours assez aveugles pour traiter avec la même indignité tous les hommes d’honneur qui se seraient dévoués à leur service, afin qu’au jour de la lutte décisive j’aie moins de sujets de regret ! »

« Maintenant, ma sœur, dit le chef, il vous faut remplacer cette cocarde par une autre d’une couleur plus riante. Je crois qu’au temps jadis il était d’usage pour les dames d’armer les chevaliers et de les parer de leurs couleurs, lorsqu’ils se préparaient à accomplir quelque fameux exploit. »

« Mais non avant que le chevalier eût bien pesé la justice et le danger de l’aventure qu’il allait tenter, mon cher Fergus, reprit miss Mac-Ivor. M. Waverley est en ce moment trop agité par l’émotion qu’il vient d’éprouver, pour que nous le pressions de prendre une résolution aussi importante. »