Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/229

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« Sur le gouvernement ! » dit Waverley.

« Oui, reprit l’impétueux montagnard, sur la maison usurpatrice de Hanovre, que votre grand-père n’aurait pas plus servie qu’il n’aurait reçu des gages en or brûlant, des mains du grand ennemi infernal ! »

« Mais depuis mon grand-père deux générations de cette dynastie ont occupé le trône, » dit tranquillement Édouard.

« C’est vrai, reprit le chieftain ; et parce que nous leur avons laissé si long-temps les moyens de montrer le naturel de leur caractère, parce que vous et moi nous avons vécu dans une soumission paisible, que nous nous sommes même accommodés avec les temps jusqu’à recevoir des commissions sous eux, et que nous leur avons ainsi donné l’occasion de nous disgracier publiquement en nous les retirant, ne devons-nous pas, par cette raison, ressentir des injures que nos pères n’avaient fait que craindre, et que nous endurons réellement ? ou la cause de la famille infortunée des Stuarts est-elle devenue moins juste, parce que leur titre est dévolu à un héritier qui est innocent des accusations de mauvais gouvernement portées contre son père ? Vous rappelez-vous ce passage de votre poète favori :


Si de plein gré Richard eût abdiqué le trône.
Un roi ne peut donner que le bien qu’on lui donne ;
Mais cet acte royal s’effaçait sans retour,
Si de Richard un fils avait reçu le jour ?


Vous voyez, mon cher Waverley, que je puis citer de la poésie aussi bien que vous et Flora. Mais, allons, éclaircissez votre front obscurci, et fiez-vous à moi pour trouver un moyen légitime d’arriver à une vengeance prompte et glorieuse. Cherchons Flora ; elle a peut-être d’autres nouvelles à vous annoncer de ce qui se sera passé en notre absence ; elle se réjouira de vous savoir délivré de la servitude. Mais d’abord ajoutez un post scriptum à votre lettre : marquez le temps où vous avez reçu le premier appel de ce colonel calviniste, et exprimez votre regret que la précipitation de ses procédés ait empêché l’envoi de votre démission, faites-le rougir de son injustice. »

On cacheta la lettre qui contenait la résignation formelle de la commission, et Mac-Ivor l’envoya avec quelques lettres à lui par un messager spécial qui avait ordre de les mettre à la poste la plus voisine dans les basses terres.