Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/38

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admis dans la longue liste des saints de Rome, ne fut pas regardée de très-bon œil par ses successeurs. « Sa canonisation, disait Jacques Ier, a coûté cher à la couronne. » Si, en effet, nous considérons, nous modernes, la munificence des fondations de Kelso, Melrose, Holyrood, Jedburgh, Nenbottle, Kinloss, Dryburgh, et tant d’autres, l’envie nous peut venir de trouver que ces ruineuses générosités de David envers la religion frisent un peu l’extravagance. Mais il faut réfléchir que les moines étaient les uniques conservateurs du savoir si borné de l’époque ; qu’ils possédaient exclusivement la connaissance de la littérature, ainsi que les arts de la peinture sur verre, du jardinage, et de la mécanique ; enfin qu’ils enseignaient à tous la religion, et donnaient aux enfants des nobles quelque teinte des sciences les plus utiles. Si on ne perd pas ces considérations de vue, on ne trouvera plus étrange qu’un roi patriote ait voulu multiplier le nombre de ces communautés qui pouvaient contribuer tant à la civilisation. Qu’on se rappelle aussi que les moines étaient agriculteurs ; que leurs vassaux et leurs serfs, comme il était passé en proverbe de le dire, vivaient heureusement sous la crosse ; et que, quoiqu’on prétende qu’en général ces ecclésiastiques avaient choisi les meilleures terres de la contrée, ces terres, si elles sont aujourd’hui plus fertiles que d’autres, le doivent souvent à l’habileté supérieure avec laquelle ils les ont aménagées. En outre, les monastères offraient aux voyageurs la seule chance d’asile et de secours qui se trouvât dans le pays, et constituaient l’unique revenu pour le soulagement des pauvres et des infirmes. Enfin, comme le territoire sacré appartenant à l’église échappait, dans la plupart des circonstances, aux dévastations de la guerre, il semble y avoir mille motifs d’excuser une munificence qui plaça tant de beaux domaines et leurs productions hors de l’atteinte d’une impitoyable soldatesque. Ce fut peut-être par cette raison que le roi David dota un si grand nombre de couvents sur les frontières, qui sont si exposées à souffrir quand la guerre éclate.

Sous d’autres rapports, la prudence et les royales vertus de David Ier sont inattaquables. Buchanam, qui n’est pas, beaucoup s’en faut, partisan de la royauté, confirme de son témoignage, que la vie de ce monarque offre le parfait exemple d’un roi bon et patriote. Constant et zélé distributeur de la justice, il était miséricordieux et bienfaisant sous la paix, vaillant et habile à la guerre. Il pleurait sur les horreurs commises par ses armées barbares, et