Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/179

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par sa présence qu’il ne s’élève quelque tumulte, ce qui n’est nullement impossible entre Anglais et Écossais. Tenons-nous-en donc à notre premier projet d’assister au service divin, et débarrassons-nous de ces bois fourrés pour prendre le chemin le plus court vers l’église de Douglas. — Faisons donc la plus grande diligence possible, dit le ménestrel, et avançons d’autant plus vite qu’en ce lieu même, paraît-il, la paix chrétienne due à ce jour n’a pas été inviolablement observée. Que signifient ces gouttes de sang ? » dit-il en montrant celles qui étaient tombées des blessures de Turnbull… « Pourquoi la terre a-t-elle gardé ces empreintes profondes, ces pas d’hommes armés qui avançaient et reculaient, sans doute, suivant les chances d’une lutte terrible et acharnée ? — Par Notre-Dame ! s’écria Greenleaf, je dois avouer que vous voyez clair. Où étaient donc mes yeux quand ils vous ont permis d’être le premier à découvrir ces indices de combat ? Voici une plume d’un panache bleu que j’aurais dû me rappeler, puisque mon commandant l’a pris, ou du moins m’a permis de le lui attacher à son casque ce matin en signe du retour de l’espérance, à cause de son aimable couleur. Mais la voici à terre, et, si je ne me trompe, arrachée par une main ennemie. Allons, camarade, à l’église !… à l’église !… et vous verrez de quelle manière j’appuierai de Walton en cas de danger. »

Il se dirigea donc vers la ville de Douglas, y entra par la porte du sud, et remonta la rue dans laquelle sir Aymer de Valence avait chargé le fantôme.

Nous pouvons maintenant nous arrêter un peu en face de l’église de Douglas. C’était originairement un superbe édifice gothique, et les tours, s’élevant de beaucoup au dessus des murailles de la ville, témoignaient de la grandeur de sa construction première. Elle était alors en partie ruinée ; et la petite portion d’espace libre qui fût encore consacré au service de la religion, se trouvait être la chapelle de la famille où les anciens lords de Douglas se reposaient des fatigues du monde et des travaux de la guerre. De l’esplanade située en face de l’édifice, les yeux des promeneurs pouvaient suivre une grande partie du cours de la rivière de Douglas, qui se rapprochait de la ville vers le sud-ouest : elle était bordée par une ligne de collines capricieusement variées de formes, et, en plusieurs endroits, couvertes de bois taillis qui descendaient vers la vallée et formaient une espèce de bois épais et fourré dont la ville était environnée. La rivière elle-même, coulant à l’ouest autour de