Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/174

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furet ne les annoncent-ils pas d’une manière indubitable ? Ces oiseaux et ces quadrupèdes ne sont-ils pas identiquement semblables à ceux que les chevaliers déploient sur leurs bannières, ou portent représentés sur leurs écus ? et ne descendent-ils pas au grand jour dans la plaine pour ravager et détruire ? La désunion complète entre les hommes n’est-elle pas clairement indiquée par ces mots que les liens du sang seront brisés, que les parents ne se lieront plus les uns aux autres, et que le père et le fils, au lieu d’avoir foi en leur parenté naturelle, chercheront à se donner mutuellement la mort pour jouir des biens l’un de l’autre ? Les braves du Lothian sont expressément désignés comme prenant les armes, et nous voyons encore ici d’évidentes allusions aux derniers événements de ces guerres écossaises. La mort de ce dernier William est obscurément annoncée sous l’emblème d’un chien de chasse, qui fut parfois l’animal dont était orné le cimier de ce bon seigneur.


On redoutait le chien, il sera muselé,
Et pourtant de sa perte on sera désolé.
Un jeune chien naîtra d’une semblable race
Dont le Nord gardera la mémoire et la trace ;
En tête, il n’aura plus les combats d’autrefois,
Bien qu’il entende encor de glapissantes voix.
Thomas nous l’a conté dans un matin d’automne,
En un temps orageux, sur les coteaux d’Eldonne.


« Ces vers ont un sens, sire archer, continua le ménestrel, et qui va aussi directement au but qu’aucune de vos flèches, quoiqu’il puisse y avoir quelque imprudence à en donner l’explication directe. Néanmoins, comme j’ai entière confiance en vous, je n’hésite pas à vous dire que, dans mon opinion, ce jeune chien qui n’attend que le moment de paraître n’est autre que le célèbre prince écossais Robert Bruce, qui, malgré ses défaites réitérées, n’a point cessé, tandis qu’il est poursuivi par des limiers avides de sang, et entouré par des ennemis de toute sorte, de soutenir ses prétentions à la couronne d’Écosse, en dépit du roi Édouard, aujourd’hui régnant. — Ménestrel, répliqua le soldat, vous êtes mon hôte, et nous sommes assis tous deux en amis pour partager en bonne intelligence ce modeste repas ; je suis forcé de vous dire cependant, quoiqu’il m’en coûte pour troubler notre harmonie, que vous êtes le premier qui ayez jamais osé prononcer en présence de Gilbert Greenleaf un seul mot en faveur de ce traître proscrit, de ce Robert Bruce, qui a, par ses rébellions, troublé si long-temps la paix de