Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/129

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changement qui n’altère en rien l’honneur ni la vertu doit augmenter plutôt que diminuer les charmes de l’union. Regardez-moi, ma chère lady Augusta, regardez-moi en face, si vous en avez le courage, et dites-moi si je ne déraisonne pas lorsque mon imagination ose trouver naturel et probable ce qui est à peine possible. »

Lady Augusta de Berkely, voyant qu’il fallait s’y résoudre, leva ses yeux vers la malheureuse nonne, craignant de perdre toutes ses chances de délivrance par la manière dont elle se conduirait dans ce moment critique, et ne voulant pas néanmoins flatter la malheureuse Ursule en lui suggérant de trompeuses espérances. Mais son imagination, remplie des légendes merveilleuses de l’époque, lui rappela la Dame effroyable « du mariage de sire Gawain, » et elle tourna sa réponse de la manière suivante.

« Vous m’adressez, ma chère lady Marguerite, une embarrassante question, à laquelle il serait indigne d’une amie de ne pas répondre sincèrement, et très cruel de répondre avec légèreté. Il est vrai que la beauté est le plus précieux avantage aux yeux de beaucoup de femmes ; nous sommes flattées lorsque l’on vante nos charmes personnels, réels ou supposés ; et sans doute nous contractons l’habitude d’y mettre beaucoup plus d’importance qu’ils n’en méritent. Cependant on a vu des femmes qui, au jugement de leur propre sexe, et même de leur propre aveu, ne pouvaient avoir aucune prétention à la beauté, devenir, par leur esprit, leurs talents et leurs perfections, les objets du plus grand attachement. Pourquoi donc regarderiez-vous comme impossible que votre Malcolm Fleming fût fait de cette argile moins grossière qui méprise les attraits passagers des formes extérieures, en comparaison des charmes d’une véritable affection et de la supériorité des talents et de la vertu ? »

La nonne pressa sur son cœur la main de sa compagne, et poussant un profond soupir : « Je crains, dit-elle, que vous ne me flattiez, et néanmoins, dans un instant critique comme celui ci, la flatterie fait du bien : ainsi certains cordiaux, d’ailleurs dangereux pour la santé, peuvent être administrés sagement à un malade durant un paroxysme de douleur, et lui donner la force d’endurer du moins un mal qu’ils ne peuvent guérir. Répondez encore à une seule question, et il sera temps de terminer cet entretien. Vous-même, belle Augusta, à qui la fortune a donné tant de charmes, se pourrait-il que quelque chose au monde vous fît supporter avec patience la perte de vos avantages physiques, perte accompagnée,