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de reconnaître l’influence qu’un médecin heureux obtient sur les parents des enfants qu’il a sauvés de la tombe, et surtout avant que la cure soit réellement terminée. Il résolut d’employer cette influence en faveur de son ancien compagnon, ne doutant pas que la ténacité militaire du général Witherington ne cédât en considération des services qu’il lui avait récemment rendus.

En se rendant à la maison du général, où il résidait alors presque toujours, il examina le paquet que Middlemas avait remis entre ses mains. Il renfermait le portrait de Menie Grey, simplement encadré, et l’anneau enrichi de brillants que le docteur avait donné à Richard, comme dernier cadeau de sa mère. Le premier de ces objets arracha à l’honnête Hartley un soupir, peut-être une larme de triste souvenance. « J’ai peur, dit-il, qu’elle n’ait pas fait un choix digne d’elle ; mais elle sera heureuse, si j’y puis quelque chose. »

Arrivé à la demeure du général Witherington, notre docteur visita d’abord l’appartement des malades ; puis il porta aux parents la délicieuse nouvelle que la guérison de leurs enfants pouvait être considérée comme certaine. « Puisse le Dieu d’Israël vous bénir, jeune homme ! » dit l’épouse tremblante d’émotion ; « vous avez essuyé les larmes d’une mère désespérée. Et pourtant… hélas !… hélas ! elles doivent encore couler quand je pense à mon ange, à mon Ruben. Oh ! M. Hartley, pourquoi ne vous avons-nous pas connu une semaine plus tôt ?… mon cher enfant ne serait pas mort.

— Dieu donne et reprend, madame, répondit Hartley ; et il faut vous souvenir que deux sur trois vous sont rendus. Il n’est nullement certain que le traitement employé par moi à l’égard de nos jeunes convalescents eût sauvé leur frère ; car la maladie, suivant ce qu’on m’a rapporté, avait chez lui un caractère très-prononcé.

— Docteur, » dit Witherington, d’une voix qui témoignait plus d’émotion qu’il n’en montrait ordinairement ou n’en voulait montrer, « vous savez guérir les malades d’esprit aussi bien que les malades de corps… mais il est temps que nous réglions nos comptes. Vous avez engagé votre réputation, qui vous reste, augmentée de tout crédit dû à votre éminent succès, contre mille moidores, dont vous trouverez la valeur dans ce portefeuiile.

— Général Witherington, répliqua Hartley, vous êtes riche et vous pouvez être généreux… je suis pauvre, et ne puis refuser ce