Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/433

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nous n’éprouvons pas dans la version latine des Septante, et encore moins dans la traduction anglaise. — N’en déplaise à Votre Majesté, dit lord Huntinglen, si Votre Majesté remet à me communiquer les mauvaises nouvelles dont sa très-honorable lettre m’a menacé, jusqu’à ce que j’entende l’hébreu aussi bien qu’elle, il est à craindre que je ne meure avant de connaître les malheurs qui sont tombés sur ma maison, ou qui sont sur le point de l’accabler. — Vous ne les apprendrez que trop tôt, milord, répondit le roi. Je le dis avec peine, mais il arrive que votre fils Dalgarno, que je croyais un saint, le voyant si souvent avec Steenie et fanfan Charles, est un infâme scélérat. — Un infâme ! » s’écria lord Huntinglen, et il se hâta d’ajouter « mais c’est Votre Majesté qui a prononcé ce nom. » Le ton dont il prononça cette exclamation fut tel que le roi en recula comme s’il eût reçu un coup. Cependant il se remit aussitôt, et dit avec un accent d’humeur qui indiquait ordinairement son mécontentement… « Oui, milord, c’est nous qui l’avons dit… non surdo canis, nous ne sommes pas sourd ; nous vous prions donc de ne pas tant élever la voix quand vous nous parlez ; voilà le mémoire lisez et jugez vous-même. »

Le roi mit alors dans la main du vieux seigneur un papier contenant l’histoire de lady Hermione, avec les preuves à l’appui, et exposée d’une manière si concise et si claire, que l’infamie de lord Dalgarno, l’amant qui l’avait si perfidement trompée, y était démontrée d’une manière incontestable. Mais un père n’abandonne pas si aisément la cause de son fils.

« N’en déplaise à Votre Majesté, objecta-t-il, pourquoi cette histoire n’a-t-elle pas été publiée plus tôt ? Il y a des années que cette femme est ici… pourquoi n’a-t-elle pas réclamé contre moi dès le moment où elle toucha le sol anglais ? — Dites comment cela s’est fait, Geordie, » dit le roi en s’adressant à Heriot.

« Je regrette d’affliger milord Huntinglen, dit Heriot ; mais il faut que je dise la vérité. Pendant long-temps lady Hermione ne put supporter la pensée de donner de la publicité à sa situation douloureuse, et quand elle changea d’opinion à cette égard, il devint nécessaire de se procurer les preuves du faux mariage, ainsi que les lettres et les papiers qui y avaient rapport, et qu’elle avait déposés à son arrivée à Paris, un peu avant que je la rencontrasse, entre les mains d’un correspondant de son père. Cet individu ayant fait banqueroute, les papiers de cette dame passèrent