Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous pourrez tirer quelque fruit de mon histoire, et qu’elle vous sera une leçon utile. Quoi qu’il en soit, si vous êtes disposée à m’écouter, je suis prête à vous apprendre quelle est la triste recluse de l’appartement Foljambe, et pour quels motifs elle y réside. Cela servira du moins à vous faire passer le temps jusqu’à ce que Monna Paula nous rapporte la réponse de Roberts. »

Dans tout autre moment de sa vie, Marguerite aurait écouté avec un intérêt exclusif une confidence si flatteuse et dont le sujet excitait si puissamment la curiosité générale. Malgré même l’agitation à laquelle elle était livrée, et quoiqu’elle ne cessât d’écouter d’une oreille inquiète, avec un cœur palpitant, si elle entendait le bruit des pas de Monna Paula, ce ne fut pas sans un petit mouvement de curiosité qu’elle tâcha de prendre un air calme et de donner, du moins en apparence, la plus grande attention à lady Hermione, qu’elle remercia de sa haute confiance. Cette dame, avec la réserve qui accompagnait habituellement ses paroles et ses actions, commença ainsi son récit :

« Mon père, dit-elle, était un marchand, mais il appartenait à une ville où les marchands sont des princes. Je suis descendue d’une noble maison de Gênes, et jamais nom plus ancien et plus honorable que celui de ma famille ne fut inscrit dans les glorieuses annales de cette célèbre aristocratie.

« Ma mère était une noble Écossaise. Elle descendait, que ceci ne vous fasse pas tressaillir, de la maison de Glenvarloch. Il n’est donc pas étonnant que je me sois si facilement déterminée à m’intéresser aux affaires de ce jeune lord. Il est mon propre parent, et ma mère, qui était glorieuse de son origine, m’inspira de bonne heure de l’intérêt pour ce nom. Mon grand-père maternel, cadet de la maison de Glenvarloch, s’était attaché à la fortune de ce malheureux fugitif français, comte de Bothwell, qui, après avoir porté ses infortunes dans plus d’une cour étrangère, s’établit enfin en Espagne, où il obtint une misérable pension en embrassant la religion catholique. Ralph Olifaunt, mon grand-père, en conçut tant de ressentiment, qu’il se sépara de lui, et se fixa à Barcelone, où l’amitié du gouverneur fit fermer les yeux sur ce qu’on appelait son hérésie. Mon père, dans le cours de son commerce, habitait plus souvent Barcelone que Gênes, quoiqu’il fît quelques voyages dans cette dernière ville.

Ce fut à Barcelone qu’il connut ma mère, l’aima et l’épousa. Ils étaient de différentes croyances religieuses ; mais la même