Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/446

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qui entourait la reine pour l’expédition des affaires, cette requête, malgré l’opposition qu’elle rencontra de la part de quelques-uns de ses membres les plus sévères, trouva grâce aux yeux d’Élisabeth, qui dit que de telles frivolités occupaient sans aucun danger l’esprit de bien des gens qui, à leur défaut, pourraient trouver des passe-temps plus coupables, et que leurs pasteurs, tout recommandables qu’ils fussent par leur savoir et leur piété, mettaient un peu trop d’aigreur dans leurs sermons contre les amusements de leurs ouailles. En conséquence la représentation fut autorisée.

Après le repas du matin, que maître Lancham appelle un déjeuner ambroisien, la reine, accompagnée des principaux personnages de sa cour, se dirigea vers la tour de la Galerie pour assister à l’entrée des deux partis ennemis, les Anglais et les Danois ; et, au signal donné, la porte qui donnait sur le parc s’ouvrit pour les introduire dans le château. On les vit arriver alors à pied et à cheval, car quelques-uns des bourgeois et des fermiers les plus ambitieux s’étaient revêtus de costumes bizarres, ressemblant à ceux des chevaliers, pour chercher à représenter la noblesse des deux différentes nations. Cependant, pour empêcher des accidents qui auraient pu devenir funestes, on ne leur avait pas permis de paraître sur de véritables chevaux, mais seulement de monter ces chevaux de bois qui faisaient autrefois le principal agrément de la danse moresque, et qui se voient encore sur la scène dans la grande bataille donnée au dénoûment de la tragédie de M. Bayes. L’infanterie suivait pareillement déguisée. Tout ce spectacle pouvait être considéré comme une espèce de mascarade, ou imitation burlesque de représentations plus imposantes où la noblesse et la classe des gentilshommes remplissaient un rôle et représentaient leur personnage avec autant de fidélité que le leur permettait une instruction plus étendue. La représentation du combat d’Hock-Tide était d’un genre différent, les acteurs étant des gens de classe inférieure, que leurs habitudes grossières rendaient d’autant plus propres à bien s’acquitter de leur rôle dans cette occasion. Leur équipement, que la marche de notre histoire ne nous donne pas le loisir de décrire, était donc passablement bizarre, et leurs armes, quoique capables de porter de rudes coups, étaient non des lances et des épées, mais des épieux et de bons bâtons. Quant aux armes défensives, cavalerie et infanterie étaient pourvues de casques solides et de boucliers de cuir épais.

Ce même capitaine Coxe, cet illustre plaisant de Coventry, dont