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queurs, je prévois qu’il faudra que quelques-uns de ces bons garçons finissent par aller en prison, et reçoivent les étrivières. Et, après cet avis, je vous souhaite une bonne nuit.

Charmé d’être débarrassé de sa compagnie, Leicester prit congé du vieux lord à l’entrée de sa chambre, où il l’avait d’abord rencontré ; et revenant dans le passage secret, il reprit la lampe qu’il y avait laissée, et à sa lueur expirante regagna enfin son appartement.




CHAPITRE XXXIX.

LA LETTRE.


Place ! place ! mon cheval va ruer s’il arrive à quelques pas d’un prince : car pour vous dire la vérité, et vous la dire en rimes, il a été conçu du temps de la reine Élisabeth, lorsque le grand comte de Leicester la fêta dans son château.
Ben Johnson. La Mascarade des hiboux.


Le divertissement dont Élisabeth et sa cour devaient être régalées le lendemain était un spectacle donné par ses fidèles sujets de Coventry, qui devaient représenter les combats entre les Anglais et les Danois, suivant une coutume long-temps conservée dans leur ancienne ville, et confirmée par les historiens et les chroniqueurs. Dans ce spectacle, une partie des gens de la ville représentaient les Saxons, et l’autre les Danois, et peignaient en vers grossiers, accompagnés de coups vigoureux, les débats de ces deux nations orgueilleuses, et le courage comparable à celui des amazones que montrèrent les femmes anglaises qui, suivant l’histoire, furent les auteurs principaux du massacre général des Danois qui eut lieu à Hock-Tide, l’an 1012. Ce divertissement, qui était depuis longtemps l’amusement favori des gens de Coventry, avait, à ce qu’il paraît, été supprimé par l’influence de quelque ecclésiastique zélé de la secte la plus austère, qui avait beaucoup de crédit sur les magistrats. Mais la majorité des habitants avait présenté une pétition à la reine pour que leur divertissement leur fût de nouveau permis, et qu’on leur accordât l’honneur de l’exécuter devant Sa Majesté, Lorsque cette demande fut discutée dans le petit conseil