Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/427

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sort de son frère qui, pensait Halbert, devait avoir pris part à l’affaire. Aussi accéléra-t-il tellement la marche de son cheval que tout au plus cinq ou six de ses cavaliers purent le suivre. Enfin il arriva sur une petite colline, au bas de laquelle s’étendait une plaine entourée par un détour demi-circulaire de la petite rivière ; c’était là que s’était livré le combat.

Le spectacle qui frappa ses regards était bien triste. La guerre et la terreur, pour nous servir de l’expression du poète, s’étaient précipitées sur le champ de bataille, et n’avaient laissé derrière elles que des blessés et des morts. La bataille avait été vigoureusement soutenue des deux parts, comme il arrivait presque toujours dans les escarmouches des frontières, où d’anciennes haines et des injures mutuelles étaient vengées en même temps que la cause du pays. Vers le milieu de la plaine étaient couchés ceux qui avaient trouvé la mort en luttant contre l’ennemi ; sur leurs visages se peignait encore la farouche expression d’une haine et d’un acharnement inextinguibles ; leurs mains serraient la poignée de leur sabre brisé ou le trait mortel qu’ils avaient en vain essayé d’arracher de leur blessure. Quelques blessés perdant courage imploraient du secours ; et demandaient de l’eau d’un ton faible et plaintif ; d’autres essayaient d’une voix défaillante de prononcer quelque prière maintenant à demi oubliée, et qui d’ailleurs n’avait jamais été bien comprise.

Halbert, incertain de ce qu’il devait faire, courait à cheval à travers la plaine pour voir si, parmi les morts ou les blessés, il pourrait découvrir quelque trace de son frère Édouard. Il n’éprouva aucun empêchement de la part des Anglais. Dans l’éloignement un nuage de poussière indiquait qu’ils étaient encore à la poursuite des fuyards dispersés ; Halbert pensa que s’approcher des vainqueurs avant qu’ils fussent réunis sous le commandement de quelque chef, c’était sacrifier inutilement sa propre vie et celle de ses soldats, qui seraient infailliblement confondus avec les soldats de Julien Avenel. Il résolut donc d’attendre que Murray fût arrivé avec ses forces, et il s’y détermina d’autant plus volontiers qu’il entendit l’armée anglaise sonner la retraite et rappeler les soldats. Glendinning rassembla ses cavaliers, leur fit faire halte dans un poste avantageux, occupé par les Écossais au commencement de l’action, et qui avait été disputé avec le plus grand acharnement pendant toute la bataille.

Tandis qu’Halbert était en cet endroit, son oreille fui frappée