Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/280

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l’auteur de cette coupable action, et que l’indignation des moines ne vînt point fondre sur la tour paternelle. Halbert, se rappelant aussi l’amitié que témoignait tout le monastère aux habitants de la tour, et particulièrement l’affection du sous-prieur pour Édouard, s’imagina facilement que lorsqu’il serait éloigné de Glendearg, en avouant son crime à ce digne ecclésiastique, il pourrait assurer une puissante protection à sa famille. Ces pensées se présentèrent rapidement à son esprit, et sa fuite fut résolue. La société de l’étranger et sa sauvegarde offerte vinrent à l’appui de son dessein ; mais il ne savait comment concilier l’invitation que le vieillard lui faisait de le conduire au château d’Avenel avec les relations de Julien, qui se trouvait alors possesseur illégitime de ce domaine. « Bon père, dit-il, je crains que vous ne vous mépreniez sur l’homme chez lequel vous voulez me donner un refuge. Avenel reçut Piercy Shafton en Écosse, et son lieutenant Christie de Clint-Hill l’amena lui-même à Glendearg.

— Je suis instruit de tout cela, dit le vieillard. Cependant si tu veux te fier à moi, avec autant de confiance que j’en ai mis à ton égard, tu recevras de Julien Avenel un accueil favorable, ou du moins tu seras certain d’y être en sûreté.

— Mon père, répliqua Halbert, quoique je puisse mal concilier ce que tu dis avec ce que Julien Avenel a fait, cependant comme je ne mets que peu d’importance au salut d’une créature aussi indigne que je le suis, et comme tes paroles semblent celles de la vérité et de l’honneur, et enfin comme tu m’as suivi avec tant de sécurité, je te rendrai la pareille, et t’accompagnerai au château d’Avenel par une route que toi-même ne pourrais jamais découvrir. » Il se mit en marche, et le vieillard le suivit pendant quelque temps sans proférer une parole.