Nous devons rappeler l’attention du lecteur sur Halbert Glendinning, qui était sorti de la tour de Glendearg aussitôt après son différend avec sir Piercy Shafton. Comme il traversait le glen à bas précipités, le vieux Martin, qui l’accompagnait, le pria de ne pas marcher avec tant de hâte.
« Halbert, dit le vieillard, vous mourrez avant d’avoir les cheveux blancs, si vous vous emportez de la sorte à la plus petite apparence de provocation.
— Et pourquoi voudrais-je vivre, bonhomme, répondit Halbert, si chaque fat doit impunément me jeter son mépris à la face ? Toi-même, vieillard, quelle nécessité sens-tu de te mouvoir, de dormir, de t’éveiller, de manger ton misérable repas, et de te reposer ensuite sur ta triste couche ? Pourquoi es-tu si content de voir au matin le travail te rappeler, et le soir de te coucher encore accablé de fatigue ? Ne serait-il pas mieux de dormir et de ne se réveiller jamais que de supporter cette stupide variation du travail à l’insensibilité et de l’insensibilité au travail[1] ?
— Que Dieu m’accorde son aide ! répondit Martin : il peut y avoir du vrai dans ce que vous dites ; mais n’allez pas si vite, car mes vieux membres ne peuvent lutter de vitesse avec vos jeunes jambes ; n’allez donc pas si vite, et je vous apprendrai pourquoi la vieillesse, quoique peu aimable, doit être encore supportable.
- ↑ Dans le Voyage de Néarque, il est dit, à l’occasion des Hindous, que ces peuples ont ce proverbe : « Il vaut mieux être assis que debout, être couché qu’assis, et être mort que couché. » C’est ici la paresse personnifiée, et les Hindous sont en effet très-indolents. a. m.