Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/12

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enthousiasme religieux par lequel il s’est si fort distingué dans la suite.

« La secte religieuse des hill-men[1], ou caméroniens, se faisait alors singulièrement remarquer par son austérité, à l’imitation de Caméron, son fondateur, dont le Vieillard des tombeaux soutint les principes avec la plus vive ardeur. Il fit de fréquents voyages dans le comté de Galloway, pour assister à leurs conventicules[2], et il lui arrivait quelquefois d’emporter avec lui des pierres sépulcrales, prises dans sa carrière de Gatelowbrigg, pour conserver par elles la mémoire des justes dont la cendre était allée se réunir à celle de leurs ancêtres. Le Vieillard des tombeaux n’était pas de ces bigots qui, tandis qu’ils ont un œil tourné en apparence vers le ciel, ont bien soin de tenir l’autre fixé sur quelque objet sublunaire.

« À mesure que son enthousiasme s’accrut, ses voyages dans la province de Galloway devinrent plus fréquents, au point de lui faire négliger le devoir imposé à un père de subvenir aux besoins de sa famille. Depuis l’année 1758, il cessa tout à fait de revenir du Galloway près de sa femme et de ses cinq enfants à Gatelowbrigg, ce qui engagea mistress Paterson à envoyer son fils aîné, Walter, alors âgé seulement de douze ans, dans le comté de Galloway, à la recherche de son père. Après avoir parcouru la presque totalité de cette vaste province, depuis le Nick de Benncorie jusqu’au Fell de Barullion, il le trouva enfin occupé à restaurer les monuments caméroniens, dans l’antique cimetière de Kirkchrist[3], sur la rive occidentale de la Dee, vis-à-vis de Kirkcudbright. Le jeune garçon fit tout ce qu’il put pour engager son père à revenir dans sa famille, mais il ne réussit point. Mistress Paterson alla même jusqu’à envoyer quelques-unes de ses filles, qui n’eurent pas plus de succès. À la fin, dans l’été de 1768, elle alla s’établir dans le petit village de Balmaclellan, où, par le moyen du mince revenu qu’elle se fit en tenant une petite école, elle éleva sa nombreuse famille d’une manière respectable.

« Il y a une petite pierre monumentale à la ferme de Caldon, près de House of the Hill[4], dans le comté de Wigton, qui est en grande vénération, comme étant la première qui ait été érigée par

  1. Mot à mot, hommes de la colline. a. m.
  2. C’est le nom que l’on donnait aux assemblées religieuses de caméroniens, tenues en plein air. a. m.
  3. Églises du Christ. a. m.
  4. Maison de la colline. a. m.