Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous tromper ! c’est affreux ! Vous si bon ! si naïf !

Géronte.
Je suis assez vengé si je n’ai rien à rendre,
Et j’aime autant qu’il aille ailleurs se faire pendre.

Frontin.
Très bien ! mais vous voilà sans valet maintenant.

Géronte.
Sans valet, tu l’as dit. Ô revers surprenant !
Un homme comme moi sans valet ! quelle honte !

Frontin.
De ses augustes mains, certes, monsieur Géronte
Ne peut pas, aux regards des voisins ébaubis,
Peindre en noir sa chaussure et battre ses habits.

Géronte.
Non ; l'on ferait sur moi cent brocards, cent risées.

Marinette.
Qui suifera, le soir, vos boucles défrisées ?

Géronte.
Dans quel gouffre de maux suis-je tombé, grand Dieu !

Marinette.
Qui viendra, le matin, vous allumer du feu ?

Géronte.
Je me sens affaissé… la tristesse me gagne ;