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je réponds : pour rendre Adam d’autant plus parfait dans l’ordre de la science. Donc, demander à Dieu pourquoi il n’a pas donné à Adam une volonté plus parfaite, c’est aussi absurde que de demander pourquoi il n’a pas donné au cercle les propriétés de la sphère, comme cela suit manifestement de ce qui précède, et comme je l’ai prouvé au Schol. de la Propos. 15, Ire partie des Principes de Descartes démontrés géométriquement.

Quant à la seconde difficulté, j’avoue que les impies expriment à leur manière la volonté de Dieu, mais ils ne doivent pas pour cela entrer en comparaison avec les gens de bien. En effet, plus une chose est parfaite, plus elle tient de près à la Divinité et plus elle en exprime les perfections. Donc, comme les bons ont incomparablement plus de perfection que les méchants, leur vertu ne peut être comparée à celle des méchants ; d’autant plus que les méchants sont privés de l’amour divin qui découle de la connaissance de Dieu, et par lequel seul nous pouvons, dans la mesure de notre intelligence humaine, être appelés les enfants de Dieu. Il y a plus encore : ne connaissant pas Dieu, les méchants ne sont, dans la main de l’ouvrier, qu’un instrument qui sert sans le savoir et qui périt par l’usage ; les bons, au contraire, servent Dieu en sachant qu’ils le servent, et c’est ainsi qu’ils croissent sans cesse en perfection.


Lettre XVIII.

À MONSIEUR GUILLAUME DE BLYENBERGH,

B. DE SPINOZA.



MONSIEUR ET AMI,


En lisant votre première lettre, je pensais que nos opinions