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LETTRES.

apparut à ses disciples ; mais il n’en est pas moins vrai que les disciples de Jésus-Christ ont pu se tromper sans que la doctrine de l’Évangile en soit altérée ; et c’est justement ce qui est arrivé à d’autres prophètes, comme je vous en ai donné la preuve dans ma précédente lettre. J’ajoute que Paul, à qui Jésus-Christ apparut aussi un peu plus tard[1], se glorifie d’avoir connu Jésus-Christ, non selon la chair, mais selon l’esprit.

Adieu, Monsieur et respectable ami ; croyez-moi tout à vous, avec zèle et de tout mon cœur.




LETTRE XIII[2].

RÉPONSE À LA PRÉCÉDENTE
À MONSIEUR SIMON DE VRIES[3],
B. DE SPINOZA


Mon cher ami,

Les difficultés que vous rencontrez à résoudre les questions que vous me proposez viennent de ce que vous ne faites pas entre les divers genres de définitions les distinctions nécessaires. Tantôt, en effet, la définition sert à expliquer une chose dont l’essence inconnue était en question ; tantôt elle sert seulement à la recherche de cette essence. La première, ayant un objet déterminé, doit être vraie ; ce qui n’est pas nécessaire pour la seconde. Par exemple, si quelqu’un me demande la description du temple de Salomon, je suis tenu de lui donner une description fidèle, ou bien ma réponse n’est pas sérieuse. Mais supposez que j’aie tracé dans ma pensée le plan d’un temple que je veux construire, et que je

  1. Voyez Actes des Apôtres; ch. 9, vers. 3.
  2. La XXXIIe des Opp. posth.
  3. Simon de Vries est ce riche bourgeois d’Amsterdam dont Spinoza refusa d’être l’héritier. Voyez Colerus, Vie de Spinoza.