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violez le droit des gens en souffrant les rassemblements de quelques rebelles que nous sommes loin de craindre, mais qui sont insultants pour la nation. Nous vous sommons de les dissiper dans tel délai… Il faut tracer autour de lui le cercle que Popilius traça autour de Mithridate. »

Robespierre cependant n’était point partisan de la guerre. Tout le monde connaît les fameux discours qu’il prononça aux Jacobins pour s’opposer à ce que la guerre fût déclarée. Ce dissentiment fut l’origine de sa rupture avec les Girondins : ce fut du moins la première circonstance où cet antagonisme s’accusa ostensiblement.

Nous reproduisons plus loin les deux discours que Robespierre prononça, sur la guerre. Brissot et Guadet qu’il avait personnellement attaqués ainsi que leurs amis[1], prirent à leur tour l’offensive et accusèrent Robespierre qui leur répondit par un discours, dont le retentissement ne

  1. Les Girondins apportèrent d’abord une grande réserve dans cette lutte et traitèrent Robespierre avec tous les égards dus à un patriote sincère. « Robespierre, disait Louvet, vous tenez seul l’opinion publique en suspens. Cet excès de gloire vous était réservé sans doute. Vos discours appartiennent à la postérité, la postérité viendra entre vous et moi. Mais enfin vous attirez sur vous la plus grande responsabilité en persistant dans votre opinion. Vous êtes comptable à vos contemporains et même aux générations futures. Oui, la postérité viendra se mettre entre vous et moi, quelque indigne que j’en sois. Elle dira : un homme parut dans l’Assemblée constituante, inaccessible à toutes les passions, un des plus fidèles défenseurs du peuple. Il fallait estimer et chérir ses vertus, admirer son courage ; il était adoré du peuple qu’il avait constamment servi, et, ce qui est mieux encore, il en était digne. Un précipice s’ouvrit. Distrait par trop de soins, cet homme crut voir le péril où il n’était pas, et ne le vit pas où il était. Un homme obscur était là uniquement occupé du moment présent ; éclairé par d’autres citoyens, il découvrit le danger, ne put se résoudre à garder le silence, il alla à Robespierre, il voulut le lui faire toucher du doigt. Robespierre détourna les yeux et retira sa main ; l’inconnu persiste et sauve son pays… »