Page:Œuvres de Robespierre.djvu/360

Cette page a été validée par deux contributeurs.

a fait : Robespierre est extrêmement ombrageux et défiant ; il aperçoit partout des complots, des trahisons, des précipices. Son tempérament bilieux, son imagination atrabilaire, lui présentent tous les objets sous de sombres couleurs ; impérieux dans son avis, n’écoutant que lui, ne supportant pas la contrariété, ne pardonnant jamais à celui qui a pu blesser son amour-propre, et ne reconnaissant jamais ses torts ; dénonçant avec légèreté et s’irritant du plus léger soupçon ; croyant toujours qu’on s’occupe de lui, et pour le persécuter ; vantant ses services et parlant de lui avec peu de réserve ; ne connaissant point les convenances, et nuisant par cela même aux causes qu’il défend ; voulant par-dessus tout les faveurs du peuple ; lui faisant sans cesse la cour et cherchant avec affectation ses applaudissements ; c’est là, c’est surtout cette dernière faiblesse, qui, perçant dans les actes de la vie publique, a pu faire croire que Robespierre aspirait à de hautes destinées, et qu’il voulait usurper le pouvoir dictatorial. »

Robespierre ne sut aucun gré à Pétion de sa bonne intention, et il fut piqué au vif par cette façon de le justifier. Dans ses Lettres à ses commettants et à la tribune de la Convention et des Jacobins, toutes les fois que l’occasion s’en présentait, il prit désormais Pétion, qu’il appelait « le roi Jérôme Pétion, » pour plastron des railleries les plus amères.


SUR ANACHARSIS CLOOTZ (p. 427).


Robespierre était sujet à ces retours d’appréciation sur les hommes. C’est ainsi qu’en dénonçant Anacharsis Clootz aux Jacobins, le 12 décembre 1793, il formula notamment ce grief contre lui : « L’amour-propre lui fit publier un pamphlet intitulé : Ni Marat, ni Roland. Il y donnait un soufflet à ce dernier, mais il en donnait un plus grand à la Montagne. »

Or voici en quels termes, dans sa 6e Lettre à ses commettants, Robespierre avait apprécié ce pamphlet de Clootz : « Il me tombe dans ce moment entre les mains une brochure d’Anacharsis Clootz, intitulée : Ni Marat, ni Roland. À deux ou trois idées près, peut-être, qui m’ont paru manquer de justesse, cette production, écrite d’un style piquant et original, est pleine de goût et de philosophie. Anacharsis trace avec tant de vérité la nullité ridicule de quelques hommes qui ont enrayé le char de la révolution, que je me repro-