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tous les crimes et tous les malheurs du monde ! Armés tour à tour des poignards du fanatisme et des poisons de l’athéisme, les rois conspirent toujours pour assassiner l’humanité : s’ils ne peuvent plus défigurer la Divinité par la superstition, pour l’associer à leurs forfaits, ils s’efforcent de la bannir de la terre pour y régner seuls avec le crime.

Peuple, ne crains plus leurs complots sacrilèges ; ils ne peuvent pas plus arracher le monde du sein de son auteur que le remords de leurs propres cœurs ! Infortunés, redressez vos fronts abattus ; vous pouvez encore impunément lever les yeux vers le Ciel ! Héros de la patrie, votre généreux dévoûment n’est point une brillante folie ; si les satellites de la tyrannie peuvent vous assassiner, il n’est pas en leur pouvoir de vous anéantir tout entiers ! Homme, qui que tu sois, tu peux concevoir encore de hautes pensées de toi-même ; tu peux lier ta vie passagère à Dieu même et à l’immortalité ! Que la nature reprenne donc tout son éclat, et la sagesse tout son empire ! l’Être-Suprême n’est point anéanti.

C’est surtout la sagesse que nos coupables ennemis voulaient chasser de la République : c’est à la sagesse seule qu’il appartient d’affermir la prospérité des empires ; c’est à elle de nous garantir les fruits de notre courage. Associons-la donc à toutes nos entreprises ! Soyons graves et discrets dans nos délibérations, comme des hommes qui stipulent les intérêts du monde ; soyons ardents et opiniâtres dans notre colère, contre les tyrans conjurés, imperturbables dans les dangers, patients dans les travaux, terribles dans les revers modestes et vigilants dans les succès ; soyons généreux envers les bons, compatissants envers les malheureux, inexorables envers les méchants, justes envers tout le monde ; ne comptons point sur une prospérité sans mélange et sur des triomphes sans obstacles, ni sur tout ce qui dépend de la fortune ou de la perversité d’autrui ; ne nous reposons que