Page:Œuvres de Robespierre.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Année 1789.

Séance du 25 juillet. — Des dépêches du comte d’Artois saisies sur le baron de Castelnau, ministre de France à Genève, avaient été envoyées par le maire de Paris, Bailly, au président de l’Assemblée. L’inviolabilité du secret des lettres, défendue par Mirabeau, est combattue par Robespierre. « Sans doute, dit-il, les lettres sont inviolables ; mais lorsque toute une nation est en danger, lorsqu’on trame contre sa liberté, ce qui est un crime dans un autre temps devient une action louable… Les ménagements pour les conspirateurs sont une trahison envers le peuple[1]. »

    et de tendresse les plus expressives. — Robespierre ne retourna pas à Versailles avec le roi : il resta à Paris, et voulut aller visiter la Bastille qu’on venait de livrer à la pioche des démolisseurs : « J’ai vu la Bastille, écrit-il ; j’y ai été conduit par un détachement de cette bonne milice bourgeoise qui l’avoit prise ; car après que l’on fut sorti de l’hôtel de ville, le jour du voiage du roi, les citoiens armés se fesoient un plaisir d’escorter par honneur les députés qu’ils rencontroient, et ils ne pouvoient marcher qu’aux acclamations du peuple. Que la Bastille est un séjour délicieux, depuis qu’elle est au pouvoir du peuple, que ses cachots sont vuides, et qu’une multitude d’ouvriers travaillent sans relâche à démolir ce monument odieux de la tirannie ! Je ne pouvois m’arracher de ce lieu, dont la vue me donne plus que des sensations de plaisir, et des idées de liberté à tous les citoyens. »

  1. « Il est juste d’observer qu’en une autre circonstance, le 28 janvier 1791, Robespierre se fit le défenseur du secret des lettres. Il s’agissait de papiers destinés à divers départements, et renvoyés au président de l’Assemblée, comme contenant des attaques contre la représentation nationale. « Comment sait-on, s’écria Robespierre, que ce sont des écrits contre l’Assemblée nationale ? on a donc violé le sceau des cachets ? c’est un attentat contre la foi publique. » — À ce propos M. Hamel, dans son Histoire de Robespierre, s’élève très amè-