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les motifs empruntés aux circonstances qui lui font repousser la guerre ; il blâma très-vivement la conduite de l’Assemblée, ses complaisances pour les ministres et pour la cour, son peu de souci des véritables intérêts populaires. « Il faut donc que l’Assemblée législative reprenne un caractère d’autant plus imposant qu’elle a jusqu’ici laissé plus d’avantage aux ministres et à leurs valets ; qu’elle comprenne que ces ennemis, comme ceux du peuple, sont les ennemis de l’égalité ; que le seul ami, le seul soutien de la liberté, c’est le peuple ; — qu’elle se hâte de prendre les mesures que sollicite l’intérêt des citoyens les plus malheureux, et que repoussent l’orgueil et la cupidité de ceux que l’on appelait les grands. » Voici la péroraison de ce discours, que les limites restreintes de cette publication nous empêchent de reproduire tout entier :

On sait assez, sans que je le dise, par quels moyens les représentants du peuple peuvent le servir, l’honorer, l’élever à la hauteur de la liberté, et forcer l’orgueil et tous les vices à baisser devant lui un front respectueux. Chacun sent que si l’Assemblée nationale déploie ce caractère, nous n’aurons plus d’ennemis. Ce serait donc en vain que mes adversaires voudraient rejeter ces moyens-là, sous le prétexte qu’ils seraient trop simples, trop généreux : on ne se dispense pas de remplir un devoir sacré en cherchant à donner à la place un supplément illusoire et pernicieux. Lorsqu’un malade capricieux refuse un remède salutaire, et puis un autre, et puis un autre, et qu’il dit : « Je veux guérir avec du poison, » s’il meurt, ce n’est point au remède qu’il faut s’en prendre, c’est au malade. Que, réveillé, encouragé par l’énergie de ses représentants, le peuple reprenne cette attitude qui fit un moment trembler tous ses oppresseurs ; domptons nos ennemis du dedans ; guerre aux conspirateurs et au despotisme, et ensuite marchons à Léopold ; marchons à tous les tyrans de la terre : c’est à cette condition qu’un nouvel orateur, qui, à la dernière séance, a soutenu mes principes, en prétendant qu’il les combattait, a demandé la guerre ; c’est à cette condition, et non