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a été abreuvé, et tous les meilleurs patriotes avec lui. Il demande que Robespierre s’explique sur son compte ainsi que sur le compte de Fouché[1] (on applaudit).

Robespierre. Mon opinion est indépendante : on ne tirera jamais de moi une rétractation qui n’est point dans mon cœur ; en jetant mon bouclier, je me suis présenté à découvert à mes ennemis ; je n’ai flatté personne, je ne crains personne, je n’ai calomnié personne. J’ai fait mon devoir, c’est aux autres à faire le leur.

Bentabole et Charlieu insistent pour que le discours de Robespierre soit renvoyé à l’examen des comités.

Robespierre : Quoi ! j’aurai eu le courage de venir déposer dans le sein de la Convention des vérités que je crois nécessaires au salut de la patrie, et l’on enverrait mon discours à l’examen des membres que j’accuse ! (on murmure.)

Amar, Barère, Thirion reprochent à Robespierre de n’avoir pas nommé ceux qu’il accuse et d’être resté dans des inculpations vagues : « Il ne faut pas, dit Amar, qu’un homme se mette à la place de tous, il ne faut pas que la Convention nationale soit troublée par les intérêts d’un amour-propre blessé. » Sur ces observations le décret qui ordonnait l’envoi du discours est rapporté.

Le lendemain, 9 Thermidor, Saint-Just monte à la tribune et il entame un discours dans le même sens que celui que Robespierre avait lu la veille. Il est interrompu par Tallien et par Billault-Varennes, qui reprochent à Robespierre et à

  1. Robespierre avait dénoncé Fouché aux Jacobins, pour sa conduite à Lyon. Celui-ci ayant écrit à la société pour lui demander de ne statuer à son égard que lorsque les comités de salut public et de sûreté générale auraient prononcé sur son sort : « Pourquoi ne se montre-t-il pas ? s’était écrié Robespierre à la lecture de cette lettre, craint-il les yeux, et les oreilles du peuple ? craint-il que sa triste figure ne présente visiblement le crime ? que six mille regards fixés sur lui ne découvrent dans ses yeux son âme tout entière, et qu’en dépit de la nature qui les a cachés, on y lise ses pensées ? »