Page:Œuvres de Robespierre.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’opinion publique ; c’est ce peuple de fripons, d’étrangers, de contre-révolutionnaires, d’hypocrites, qui se place entre le peuple français et ses représentants, pour tromper l’un et pour calomnier les autres, pour entraver leurs opérations, pour tourner contre le bien public les lois les plus utiles et les vérités les plus salutaires. Tant que cette race impure existera, la république sera malheureuse et précaire. C’est à vous de l’en délivrer par une énergie imposante et par un concert inaltérable. » La Convention décrète par acclamation que « le discours du citoyen Robespierre sera inséré dans le Bulletin ; il sera imprimé aussi sous la forme ordinaire et traduit dans toutes les langues. Il en sera donné six exemplaires à chaque membre de la Convention[1] »

  1. Robespierre avait prononce la veille aux Jacobins un discours dans le même sens : « Quel homme sur la terre a jamais défendu impunément les droits de l’humanité ? Il y a quelques mois, je disais à mes collègues du Comité du salut public : si les armées de la république sont victorieuses, si nous démasquons les traîtres, si nous étouffons les factions, ils nous assassineront ; je ne suis point du tout étonné de voir se réaliser ma prophétie. Je trouve même pour mon compte que la situation où les ennemis de la république m’ont placé n’est pas sans avantage ; car plus la vie des défenseurs de la liberté est incertaine et précaire, plus ils sont indépendants de la méchanceté des hommes. Entouré de lâches assassins je me suis déjà placé moi-même dans le nouvel ordre des choses où ils veulent m’envoyer ; je ne tiens plus à une vie passagère que par l’amour de la patrie et la soif de la justice ; et dégagé plus que jamais de toute considération personnelle, je me sens mieux disposé à attaquer les scélérats qui conspirent contre mon pays et contre le genre humain. Plus ils se dépêchent de terminer ma carrière ici-bas, plus je veux me hâter de la remplir d’actions utiles au bonheur de mes semblables. Je leur laisserai du moins un testament dont la lecture fera frémir les tyrans et leurs complices. » — Cette séance des Jacobins fut signalée par un incident assez singulier. Un membre de la société, du nom de Rousselin, fit la motion de rendre les honneurs civiques au citoyen