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tème de diffamation adopté contre les membres les plus vertueux de la Convention. À ce propos, Robespierre observe que ces épurations successives faites dans le sein de la Convention ne doivent pas déshonorer les représentants du peuple aux yeux du monde : « J’appelle les tyrans de la terre à se mesurer avec les représentants du peuple français ; j’appelle à ce rapprochement un homme dont le nom a trop souvent souillé cette enceinte, et que je m’abstiendrai de nommer[1]; j’y appelle ce parlement d’Angleterre, associé aux crimes liberticides du ministre que je viens de vous indiquer, et qui a, dans ce moment, avec tous nos ennemis, les yeux ouverts sur la France, pour voir quels seront les résultats du système affreux que l’on dirige contre nous. Savez-vous quelle différence il y a entre eux et les représentants du peuple français ? C’est que

  1. Voici en quels termes Robespierre s’exprimait aux Jacobins le 28 janvier 1794, sur Pitt : « Pitt sera renversé, parce qu’il est un imbécile, quoiqu’en dise une réputation trop enflée. » Et il développait son dire « qui pourrait être un blasphème aux oreilles de quelques Anglais, mais qui était une vérité aux oreilles des personnes raisonnables » : « Le ministre d’un roi fou est un imbécile, parce qu’à moins d’être un imbécile, on ne peut pas préférer l’emploi de ministre d’un roi fou à l’honorable titre de citoyen vertueux. Un homme qui, placé à la tête des affaires d’un peuple chez qui la liberté poussa autrefois des racines, veut faire rétrograder vers le despotisme et l’ignorance une nation qui a conquis ses droits, est à coup sûr un imbécile. Un homme qui, abusant de l’influence qu’il a acquise dans une île jetée par hasard dans l’Océan, veut lutter contre le peuple français ; celui qui ne devine pas l’explosion que la liberté doit faire dans son pays ; celui qui prétend servir longtemps la ligue de rois aussi lâches et aussi bêtes que lui ; celui qui croit qu’avec des vaisseaux il va bientôt affamer la France, qu’il va dicter des lois aux alliés de la France, celui-là, dis-je, ne peut avoir conçu un plan aussi absurde que dans la retraite des Petites-maisons, et il est étonnant qu’il se trouve au dix-huitième siècle un homme assez dépourvu de bon sens pour penser à de pareilles folies. »