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I D O M É N É E.

Prince, de votre cœur que l’effroi ſe diſſipe :
Ce n’eſt qu’un bruit ſemé par le traître Égéſippe.
Quoi qu’il en ſoit, je vais, pour m’en éclaircir mieux,
Au pied de leurs autels interroger les Dieux.
Heureux ſi, pour ſavoir leur volonté ſuprême,
Je les euſſe plut tôt conſultés par moi-même !

I D A M A N T E.

Permettez-moi, ſeigneur, d’accompagner vos pas.

I D O M É N É E.

Non, mon fils, où je vais vous ne me ſuivrez pas.
D’un myſtère où des miens l’unique eſpoir ſe fonde
Je veux ſeul aujourd’hui percer la nuit profonde.
Vous apprendrez bientôt quel ſang à dû couler :
Juſque-là votre cœur ne doit point ſe troubler.
Rejetez loin de vous une frayeur trop vaine :
J’apaiſerai les Dieux… fléchiſſez Érixène…
A Dieu…

I D A M A N T E.

A Dieu… Permettez-moi…

I D O M É N É E.

A Dieu… Permettez-moi… Mon fils… je vous l’ai dit…
Je vais ſeul aux autels, & ce mot vous ſuffit.