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I D O M É N É E.

Ah ſeigneur !…Laiſſez-moi, fuyez ma triſte vue ;
Ne renouvelons plus un diſcours qui me tue.


SCÈNE VI.
IDOMÉNÉE, ſeul.

Inexorables dieux, vous voilà ſatisfaits !
Pour un nouveau courroux vous reſte-t-il des traits ?
Finis tes triſtes jours, père, amant déplorable…
Vengeons-nous bien plutôt, ſi mon fils eſt coupable.
Que ſais-je ſi l’ingrat ne s’eſt point fait aimer ?
Sans doute, puiſqu’il aime, il aura ſu charmer.
Il triomphe en ſecret de mon amour funeſte :
Il eſt aimé ; je ſuis le ſeul que l’on déteſte.
Tout mon courroux renaît à ce ſeul ſouvenir.
Livrons l’ingrat aux dieux. Qui me peut retenir ?
Coule ſur nos autels tout le ſang d’Idamante…
Coule plutôt le tien…