C’en eſt fait ; de ce pas je vais les diſperser,
Et conſerver ce ſang que vous n’oſez verſer.
En effet, que m’importe à moi de le répandre ?
Ce n’eſt point malgré vous que je dois l’entreprendre.
Pour venger vos affronts j’ai fait ce que j’ai pu ;
Mais vous n’avez point fait ce que vous avez dû.
Ah ! Seigneur, arrêtez ; rempliſſez ma vengeance :
Je ſens de vos ſoupçons que ma vertu s’offenſe.
Percez le cœur d’Itys, mais reſpectez le mien ;
Il n’eſt point retenu par un honteux lien ;
Et quoique ma pitié faſſe pour le défendre
Tout ce qu’eût fait l’amour ſur le cœur le plus tendre,
Ce feu, ce même feu dont vous me ſoupçonnez,
Loin d’arrêter, Seigneur…
J’ai peut-être à vos yeux pouſſé trop loin mon zèle :
Mais tel eſt de mon cœur l’empreſſement fidèle.
Je ne hais point Itys, & ſa fière valeur
Pourra ſeule aujourd’hui faire tout ſon malheur
Oreſte eſt généreux ; il peut lui faire grâce,
J’y conſens : mais d’Itys vous connaiſſez l’audace ;
Il défendra le ſang qu’on va faire couler :
Cependant il nous faut périr ou l’immoler,