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1195Une mère en fureur la hait & la pourſuit ;
Ou ſon frère n’eſt plus, ou le cruel la fuit.
Ah ! Donnez-moi la mort, ou me rendez Oreſte ;
Rendez-moi, par pitié, le ſeul bien qui me reſte.

É L E C T R E.

Eh bien ! Il vit encore ; il eſt même en ces lieux.
1200Gardez-vous cependant…

É L E C T R E.

Gardez-vous cependant…Qu’il paraiſſe à mes yeux.
Oreſte, ſe peut-il qu’Électre te revoie ?
Montrez-le-moi, duſſé-je en expirer de joie.
Mais, hélas ! N’eſt-ce point lui-même que je vois ?
C’eſt Oreſte, c’eſt lui, c’eſt mon frère & mon roi.
1205Aux tranſports qu’en mon cœur ſon aſpect a fait naître,
Ah ! Comment ſi longtemps l’ai-je pu méconnaître ?…
Je vous revois enfin, cher objet de mes vœux !
Moments tant ſouhaités ! Ô jour trois fois heureux !…
Vous vous attendriſſez ; je vois couler vos larmes.
1210Ah ſeigneur ! Que ces pleurs pour Électre ont de charmes !
Que ces traits, ces regards, pour elle ont de douceur !
C’eſt donc vous que j’embraſſe, ô mon frère !

É L E C T R E.

C’eſt donc vous que j’embraſſe, ô mon frère !Ah ma sœur !
Mon amitié trahit un important myſtère.
Mais, hélas ! Que ne peut Électre ſur ſon frère ?