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S C È N E   III.
Électre, Itys.
É L E C T R E.

En des lieux où je ſuis, trop sûr de me deplaire,
Fils d’Égiſthe, oſes-tu mettre un pied téméraire ?

I T Y S.

95Madame, pardonnez à l’innocente erreur
Qui vous offre un amant guidé par ſa douleur.
D’un amour malheureux la triſte inquiétude
Me faiſait de la nuit chercher la ſolitude.
Pardonnez ſi l’amour tourne vers vous mes pas :
100Itys vous ſouhaitait, mais ne vous cherchait pas ;

É L E C T R E.

Dans l’état où je ſuis, toujours triſte, quels charmes
Peuvent avoir des yeux preſque éteints dans les larmes ?
Fils du tyran cruel qui fait tous mes malheurs,
Porte ailleurs ton amour, & reſpecte mes pleurs.

I T Y S.

105Ah ! Ne m’enviez pas cet amour, inhumaine !
Ma tendreſſe ne ſert que trop bien votre haine.
Si l’amour cependant peut déſarmer un cœur,
Quel amour fut jamais moins digne de rigueur ?