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Je prétends que ce jour, que ſouillait ma fureur,
Achève de bannir les ſoupçons de ton cœur.
Thyeſte, en croiras-tu la coupe de nos pères ?
Eſt-ce offrir de la paix des garants peu ſincères ?
Tu ſais qu’aucun de nous, ſans un malheur ſoudain,
Sur ce gage ſacré n’oſe jurer en vain :
C’eſt ſa perte, en un mot : cette coupe fatale
Eſt le ſerment du Styx pour les fils de Tantale.
Je veux bien aujourd’hui, pour lui prouver ma foi,
En mettre le péril entre Thyeſte & moi :
Veut-il bien, à ſon tour, que la coupe ſacrée
Achève l’union de Thyeſte & d’Atrée ?

T H Y E S T E.

Pourriez-vous m’en offrir un gage plus ſacré,
Que de me rendre un fils ? Mon cœur eſt raſſuré ;
Et je ne penſe pas que le don de Pliſthène
Soit un préſent, ſeigneur, que m’ait fait votre haine.
J’accepte cependant ces garants d’une paix
Qui fait depuis longtemps mes plus tendres ſouhaits.
Non que d’aucun détour un frère vous ſoupçonne ;
À la foi d’un grand roi Thyeſte s’abandonne :
S’il en reçoit enfin des gages en ce jour,
C’eſt pour vous raſſurer ſur la ſienne à ſon tour.