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M’ont-ils déjà puni d’un projet odieux ?
Que fait Thyeſte ? Hélas ! Qu’eſt-elle devenue ?
Qui peut dans ce palais la ſoustraire à ma vue ?
Je frémis : retournons les chercher en ces lieux,
Les en ſauver, Theſſandre, ou périr à leurs yeux.
Allons, ne laiſſons point, dans l’ardeur qui m’anime,
Un cœur comme le mien réfléchir ſur un crime.
Étouffons des remords que j’avais dû prévoir,
Lorſque je n’attends rien que de mon déſespoir.
Suis-moi ; c’eſt trop tarder ; & d’un péril extrême
On doit moins balancer à ſauver ce qu’on aime.
Ce n’eſt point un forfait ; c’eſt imiter les dieux
Que de remplir ſon cœur du ſoin des malheureux.



S C È N E   II.
Pliſthène, Théodamie, Theſſandre, Léonide.
P L I S T H È N E.

Mais que vois-je, Theſſandre ? ô ciel ! Quelle eſt ma joie !

À Théodamie.

Se peut-il qu’en ces lieux Pliſthène vous revoie ?
L’unique objet des ſoins de mon cœur éperdu,
Hélas ! Par quel bonheur nous eſt-il donc rendu ?
Quoi ! C’eſt vous, ma princeſſe ! Ah ! Ma fureur calmée
Fait place à la douceur dont mon âme eſt charmée.