Signalons de grands cœurs par de grands ſacrifices ;
Et montrez-vous aux Dieux plus grand que leur courroux,
Par un préſent, ſeigneur, digne d’eux & de vous.
Pour ne t’immoler pas quand je me ſacrifie,
Oſes-tu me prier d’attenter à ta vie ?
Fils ingrat, fils cruel, à périr obſtiné,
Viens toi-même immoler ton père infortuné.
N’attends pas que, touché d’une indigne prière,
J’arme contre tes jours une main meurtrière :
Je ſaurai, malgré toi, t’en ſauver déſormais ;
Et de ces triſtes lieux je vais fuir pour jamais.
Que dites-vous, ſeigneur ? Et quel deſſein barbare…
N’accuſez que vous ſeul du coup qui nous ſépare.
Mes peuples, par vous-même inſtruits de votre ſort,
Ne laiſſent à mon choix que la fuite ou la mort.
Si l’intérêt d’un fils peut vous toucher encore,
Accordez à mes pleurs la grâce que j’implore.
Vous tentez ſur mon cœur des efforts ſuperflus.
Adieu, mon fils… mes yeux ne vous reverront plus.