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COMMENTAIRE ET NOTES 87

Sauvai, t. III, p. 412. — Toutes les sources manuscrites donnent pour Vame, ce qui constituerait une sorte de contresens, si l'on ne savait que pour tx par, au xve siècle, sont fréquemment pris l'un pour l'autre. Cf. la note au v. 1224 du Testament, et les exemples topiques qui y sont rapportés. L'incunable Ye. 247 donne la leçon : Par Vame.

V. 3 5-36. — Mais qiioy ? ce sera doue par cuer. Car de lire je suis fetart.

= « Mais comment ? ce sera donc mentalement, de mémoire. » Voici deux exemples qui marquent nettement le sens de « par cuer ». « Soyés souvent en oraison ou de bouche ou de cuer. » Pierre de « Lucembourg », fr. 1836, fol. 16 (La Diète du salut). — « Comment pour dire de cueur ou de bouche trois veritez, nous nous mectons en estât de grâce et hors de péché mortel. » Livre d'heures du xve s., fr. 13 168, fol. 31. « Et leur declaira deux manières d'oroison. Desquelles la première est celle qu'on fait de bouche, et a celle doit on entendre et a ce qu'on dit . L'autre oroison est celle que on fait seulement de pen- sées sans riens dire de bouche. Et on la peut bien faire sans y entendre.» La légende sainte Katherine de Sainne, fr. 9761, fol. iio(xves.). — Par cuer avait même, parfois, un sens purement négatif, comme dans ce passage de la Reconnue, comédie de Belleau (xvie s.) :

Nous pourrions bien disner par coeur Ou bien tard... (Montaiglon, Recueil des poésies fr. des XV^ et XVh s., t. IV, p. 343).

Il semble bien que Villon parle avec sincérité en faisant cette décla- ration, et non par antiphrase. Il se trouvait d'ailleurs tout excusé, car, de son temps, les manuscrits étaient rares et chers et ne se trouvaient que dans les librairies princières ou chez les grands personnages, dans certains collèges de l'Université et dans les couvents. Mais, chez ces derniers, c'étaient particulièrement des ouvrages de droit et de théolo- gie qu'on y rencontrait, et presque jamais des romans. Aussi se demande-t-on sur quoi se fonde M. Wilmotte pour dire que Villon « a lu et relu, surtout dans sa jeunesse, les vieux romanciers. » (Etudes critiques sur la tradition littéraire en France, p. 174). Il est plus vraisem- blable de croire que c'est surtout par la tradition orale que Villon avait acquis ces connaissances, d'ailleurs assez confuses, auxquelles il fait incidemment allusion dans ses oeuvres.

V. 57. — Prière enjeray de Picart.

Picart était le nom du chef et du fondateur de cette secte (xv« s.),

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