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LE TESTAMENT


Nous sommes dans le second semestre de l’année 1461 qui prend fin, comme on sait, le 17 avril 1462 (n. st.). Villon s’est rapproché de Paris et se cache dans les alentours. Il est alors âgé de trente ans ou environ, et a toutes ses hontes « beues ». Usé prématurément par la misère et la débauche, il fait son examen de conscience ; et, devant le « mal » qui le « presse », il rédige son testament, ou plutôt — s’il fallait l’en croire, — il le dicte à son prétendu clerc « Fremin l’estourdis » que la plupart des commentateurs s’obstinent encore à prendre au sérieux ! Et tout d’abord, il déverse son ressentiment sur Thibault d’Auxigny, l’évêque d’Orléans, qui l’a si durement traité.

V. 1. — En l'an de mon trentiesme aage…

réminiscence évidente du vers

Ou vingtiesme an de mon aage

du Roman de la Rose cité plus loin par Villon, est la leçon donnée par tous les manuscrits, par les incunables et les éditions qui se sont succédé jusqu’à celle de Marot. Celui-ci qui écrit eage remarque, en parlant de Villon : « Il fait eage trisyllabe comme péage ; si fait le Roman de la Rose. » Longnon qui a reproduit cette dernière leçon dans sa première édition, l’a maintenue dans la seconde, en opposition avec Gaston Paris qui préconise la leçon En l'an trentiesme de mon aage, aage étant disyllabe. Il faut convenir que c’était là, au xve siècle, la locution la plus habituelle. « En l’onneur de nostre saulveur Jhesucrist et de la glorieuse vierge Marie, ou XXXV je an de mon aage, l’an mil cccc et deux...» C’est ainsi que commence la Chronique de Charles VII par Gilles Le Bouvier, dit Berry. Fr. 19562, fol. i. — « En l’an xxxix* de l’aage d’icellui translateur. » Coquillart, Histoire de la guerre des Juifs de