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6/\. FRANÇOIS VILLON

Faire l'avant garde était une locution courante qu'on relève fréquem- ment dans Villehardouin et Joinville, au sens propre. Elle est prise ici au figuré et signifie « prendre les devants, être l'instigateur d'une <hose. »

V. 262 . — Pour faire sur nioy grief:^ exploi^.

Le sens du vers varie suivant la signification que l'on donne au con- texte : il peut vouloir dire : « pour me mettre méchamment en procès », ou « pour se livrer sur moi à des violences injustifiées ». Il y a en effet, dans ces deux vers (261-262) soit une allusion à des faits privés et qui nous échappe comme elle dut échapper aux contemporains de Villon, et que seuls pouvaient entendre ceux-là qui vivaient dans l'intimité du poète, soit une allusion directe à Girard de Montcorbier, seigneur du fief du même nom, allusion qui paraît assez vraisemblable. Ce nom de Montcorbier, Villon y avait droit comme le tenant de son père, né dans ce petit village du Bourbonnais . Mais le père de Villon était mort, et François Villon était né à Paris. Girard II de Montcorbier, seigneur dudit lieu, averti de l'homicide pour lequel Villon (qu'il devait connaître par ailleurs) avait sollicité une lettre de rémission, et très mécontent de voir son nom mêlé à une pareille affaire, dut inviter notre poète et au besoin, le requérir judiciairement (griefz exploiz) d'avoir à quitter le nom de Montcorbier, le menaçant, en cas de refus, de lui intenter un procès en usurpation de nom, procès scandaleux où il avait tout à perdre. Au contriire, si Villon consentait à renoncer à ce nom de Montcorbier, Girard ne se refuserait pas à obliger pécunièrement l'étu- diant toujours besoigneux. C'est à quoi, réflexion faite, se sera sans doute résolu Villon; car dans tous les actes postérieurs à 1456 où il figure, on ne voit que ce dernier nom, Villon, et jamais un autre. (Pour plus de détails, cf. l<!otice biographique.') Si cette hypothèse était fondée, le mot expiai^ serait pris ici dans son acception d'« ajournement », d'« arrêts d'exécution ». Mais « exploiz » peut aussi s'entendre dans le sens de « voies de fait », de « mesures répressives », comme dans cette phrase d'une lettre de Charles VII aux habitants de Reims : « Nous avons receu vos lettres et sceu l'exploit qui a esté fait sur les gens de guerre » (Beaucourt, Hist. de Ch. VII, t. IV, p. 444, n. 11). Exploit a ici le sens de « mesures répressives », comme l'établit clairement le contexte). — Exploit serait alors, comme G. Paris le suppose, une allusion à ce Jean le Merdi qui avait désarmé Villon lors de sa rixe avec le prêtre Sermoise, mettant ainsi par cet « exploit » abusif notre poète à la discrétion de son adversaire. S'il en était ainsi, le fait de ne pas

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