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Longnon, dans ses deux premières éditions, avait corrigé ainsi le vers :

Item, et j’y adjoings la Crosse,

voulant dire : à ce cens illusoire (sans réalité) j’y adjoins une crosse qui ne l’est pas moins, celle de la rue Saint-Antoine, puisque crosse d’une enseigne. Mais cette correction ne s’impose pas. Le vers, tel qu’il est donné par les sources, est bien plus spirituel et la raillerie bien plus mordante. En écrivant : Item, et j’adjoings a la crosse, alors qu’il n’a pas encore été question de crosse, Villon ’ suppose donc que ces légataires qu’il déteste sont en possession de cette crosse (d’abbé ou d’évêque), pour se reprendre aussitôt et parler d’une vulgaire crosse d’enseigne, de taverne, qui plus est : double plaisanterie, ces vieillards, comme on le voit plus loin, étant condamnés, de par leur constitution débile, au régime de l’eau ! Dans la troisième édition de Longnon, le réviseur a rétabli la leçon des manuscrits et des incunables. On trouvera, sur la rue Saint-Antoine au xve s., une intéressante notice de Bonnardot d’après un dessin de 1481, conservé aux Archives nationales. Cf. Iconographie du vieux Paris dans la Revue universelle des Arts, t. V(i857), p. 213 et suiv. ; 409 et suiv. — Crosse pour chasser et crosser les billes et les boules. Cf. Du Cange, s. v. billa. On disait billart et hillouer. Sur le sens obscène que pouvait avoir ce mot, cf. Champion, t. I,p. 165, n. I. Les billards étaient compris parmi les « jeux dissolus ». Fr. 5743, fol. 8 v°. « Telz mauvais jeux sont deffendus selon droit pour moult de péchiez qui s’ensuivent », écrit Guy de Roye dans son Z)oc/rn/a/, fr. 1055, fol. 36 v°. « Adonc ledit Robin, esmeu de tout ce, et qui avoit bien beu, prist un billart qu’il avoit porté avec lui oudit hostel et de quoy il avoit joué aux billes, et en frappa ledit Riquedent sur la teste. » Douët d’Arcy, Choix de pièces inédiles, t. 11^ p. 241. — Cf., dans Le Livre des propriété^ des choses translaté de latin en français par frère Jehan Corbechon (1372), une miniature où est représenté un joueur de « billart de quoy on crosse », fr. 22532, fol. 84^.

V. 228. — Et tous les jours plain pot de Saine.

Cette plaisanterie rappelle les vers suivants d’un rondeau du Jardin de Plaisance :

Chantons et faisons bonne chiere ;
Beuvons d’autant, sans nul rapel
De ce bon vin, vieil ou nouvel.
Et laissons l’eau en sa rivière (fol. 80c et d).