Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

COMMENTAIRE ET NOTES 49

ment une signification hypothétique grâce au vers : Je laisse a la fois ung canart. Dans tout le Lais Villon, et c’est bien naturel, n’emploie que la formule je laisse. Dans le Testament, il n’emploiera (sauf une fois, V. 1836, /< laisse) que cette autre formule c Je donne «. Or, « donner un canart » (Le Roux, Diction, comique, 1755) voulait dire «ne pas tenir ce qu’on avoit promis ». C’était un proverbe que Cotgrave explique ainsi : gift of that which the giver cannot keep ; s. v. « Grâce de saint Canart ». Nous avons l’équivalent moderne dans l’expression triviale <( poser un lapin ». Villon semblerait donc, grâce à cette prétérition plaisante, rappeler les méfaits de ses deux légataires tout en leur déniant, en fait, le bénéfice du legs, cependant bien réel, qu’il stipule en leur faveur. — Le mot houseaulx est souvent pris dans son acception érotique. La ballade des pauvres houseiirs admise par Prompsault et ensuite par Longnon (i^ édit.) dans l’œuvre de Villon, en a justement été retranchée dans les éditions postérieures. Elle roule, comme l’a remarqué M. Piaget, sur une équivoque obscène {Remania, t. XXI (1892), p. 427). — Cf. la note de M. A. Thomas sur le mot avant-pied, dans Romania, t. XXXIX (1910), p. 196. — Dans le relevé des « amendes des eaux et forests a Meulant » en novembre 1455, il est question de deux individus du nom de Chollet, Estienne et Jehan, peut-être frères ou cousins de Casin Cholet, lesquels « Estienne et Jehan sont taxés d’amende pour poisson deffendu, par eulx prins a nasses et aultres «ngins faulx et deflfenduz », chacun d’eux a x s. p. (7 novembre 1455). Fr. 26085, pièce 6908 ; cf. la note au v. 12 12 du Testament.

XXV. — Ce huitain et les suivants sont écrits par antiphrase. Et d’abord, ces trois povres orphelins dont il est fait mention, et qui ont si fort ému le cœur sensible de certains critiques modernes, étaient des hommes d’âge, très riches, très considérables sinon très considérés.

V. 194, 198. — A trois petîs enfans tous nus...

Et desnuei comme le ver. « Nu comme un ver », locution courante. Qu’ele estoit nue come vers.

Le R. de la Rose, t. II, v. 44^, édit. L. Au povre berger doloreux Qui est aussi nud comme ung vers.

Pathelin, v. 1445-46. François Villon. — II.