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22 FRANÇOIS VILLON

V. 96. — Mettre sus. — Expression de style, littéralement « lever » (en parlant d'une taxe, d'un impôt) : « Thibault de Vitry (un des léga- taires de Villon), conseiller du Roy nostre Sire en sa Court de Parle- ment, commis et ordonné a mettre sus et imposer l'aide de... >• (28 octobre 1435). Fr. 29516, pièce 22; de même pièce 23 : ces deux reçus portent la signature autographe : de Vitry. — Mettre sus signifie ici « mettre en vigueur ; donner pleine application à » .

XIII. — Quant à Robert \^allée, riche clerc en la Cour de Parlement, le poète lui donne ses braies mises en gage aui Trumellières, afin qu'il en coiffe sa bonne amie.

V. 97-98. — Villon écrit par antiphrase clergon (prononcez der- jofi), diminutif de clerc. Cf. Du Cange s. ,v. clergonus = junior cle- ricus. — Clergon avait lui-même un diminutif, comme on le voit dans la dédicace à Charles V du Livre de Viiiformacion lies princes « par son clergonnet frère Jehan Golein ».Fr. 1950, fol. 2.

V. 99. — Qui n^entetit ne mont ne vallée.

Villon qui dit expressément de son légataire qu'il est insensé (v. 108), qu'il n'a pas plus de sens qu'une « aumoire » (v. 112) le présente ici comme un clerc

Qui n'entent ne mont ne vallée en équivoquant, selon son habitude, sur le mot mont ^= « beau- coup » et « montagne ». — AV vallée, postulé par « mont », continue la plaisanterie. (Comparer plus loin, Test., Je ne suis son serf ne sa hicJx v. 12). La leçon est « excellente ». Qui n'entent est donné par AB; Qui ne tend par /, contre F dont la leçon est Qui ne tient ne mont. . . — La locution ne mont ne vallée semble être faite, par analogie, sur cette autre : par monts et par vaux. On la relève dans Martin Le Franc, mais prise dans une tout autre acception . Parlant de « la fragilité des femmes » le bon prévôt de Lausanne écrit ces vers :

Test vient, tost est ridée et pale,

Tost devient flasque et escoulee,

Tost pert sa couleur principale,

Tost a la mamelle avalée,

Tost n'y pert ne mont ne valee,

Tost est nient et pis que ne dis ;

Beaulté de femme est tost alee

Fiez vous y, folz estourdis .

(Fr. 12476, fol. 34c.)

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