Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

COMMENTAIRK ET NOTES 3O9

175 et document XIII. — Par une curieuse coïncidence, le mot « abbesse », en dehors de son sens habituel, avait une double significa- tion péjorative, qui, en l'espèce, convenait assez bien à Huguette Duha- mel. Dans le Procès des Coquillaids, on lit : « Quant ilz parlent de l'abesse, c'est desrober. » Sainéan, Les Sources de V argot aitcien, 1. 1, p. 98, et Du Gange s. v. abhatissn, tenancière de lupanar. — On remar- quera enfin que le fait de signaler aussi crûment à la malignité publique une femme de profession religieuse et aussi en vue qu'était Huguette Duhamel avec qui il avait fait la fête (pour parler comme les étudiants d'aujourd'hui) ne témoigne pas, de la part de Villon, d'un respect exagéré pour cette dernière ; on peut même supposer que l'idylle ne s'était pas toujours déroulée dans un ciel sans nuage, puis-, qu'il s'en exprime avec ce cynisme tranquille. (Il agit de tout autre manière lorsqu'il parle de son aventure avec les deux dames poitevines, Test. huit. XCIII, XCIV.) Aussi serait-on tenté de prêter au vers en question un troisième sens équivoque, et de le lire ainsi : Tesmoing la basse de Pourras. — « Basse », en ancien français, ayant le sens de « chambrière », de « bonne à tout faire ». Cf. Du Gange s. v. vassus. (La forme abesse et abasse se rencontrent concurremment.) — Tous ces sens ont dû vraisemblablement traverser l'esprit de Villon lorsqu'il rappelait ainsi ses souvenirs de villégiature.

CVI. — La corrélation des idées ramène Villon au monde clérical. Les Mendiants et les Béguines qui avaient déjà éprouvé sa libéralité (^Lais XXXII) sont ici l'objet de nouveaux dons. \Mllon qui les confond intentionnellement avec des hérétiques, les Turlupins et les Turlupines, paillards lubriques, leur fait « oblacion » « de grasses soupes jacopines » et de gâteaux à la crème ; après quoi « soubz les courtines » ils pourront se livrer à d'édifiantes conversations.

v. 1 1 59. — Aux Dei'otes et aux Béguines...

Dévotes est l'autre nom qu'on donnait aux Filles Dieu de Paris qui figurent, d'ordinaire, dans les donations testamentaires, immédiatement avant les Béguines (Tuetey, p. 601). De même, dans Rustebeuf, elles précèdent les Béguines {La Chançon des Ordres, v. 55 et suiv., et dans Joinville : cf. plus haut la n. au vers 398). La maison-mère des Filles- Dieu était située à Paris dans le faubourg Saint-Denis, dom une rue,

�� �