302 FRANÇOIS VILLON
XCIX. — Quant à Cholet, tonnelier, \'i!lon veut qu'il change ses outils contre une épée de fabrication lyonnaise, à l'exception toutefois d'un maillet ; ce qui décèle suffisamment la nature bruyante et querelleuse de son propriétaire.
V. 1107. — ■ Et reticngne le hiitinet.
Huttnet a le sens de « maillet » ; et hutinet, diminutif de « hutin » celui de rixe, querelle. Cf. Du Cange s. v. hutinus. — Villon, en écri- vant ce huitain XCIX, était certainement au courant des intentions de ■ce Cholet, tonnelier de son état, d'entrer dans la police municipale ; •aussi lui enjoint-il d'avoir à changer ses outils contre une épée lyon- naise : et de fait, on voit bientôt ce même Cholet, sergent à verge au Châtelet de Paris qui semble s'être trop souvent recruté parmi de louches individus ayant fait les métiers les plus suspects (Test. 1113). En juillet 1465, devant une démonstration hostile des Bourguignons devant Paris, « il y ot (rapporte la Chronique scandaleuse) ung paillart sergent à verge du Chastellet de Paris, nommé Casin Cholet, qui, en courant fort eschaufé par plusieurs des rues de Paris, crioit à haulte voix telz motz : « Boutez vous tous en voz maisons et fermez voz huis, car les Bourguignons sont entrez dedens Paris. » Et à cause de l'etTroy qu'il fist, y ot plusieurs femmes grosses qui en acoucherent avant terme, et d'autres en moururent et perdirent leur entendement.» (T.I, p. 58, 59). « Et, le mardi ensuivant, xuie jour dudit moys d'aoust, ledit Casin Cholet, pour le cas dessusdit d'avoir crié en courant par les rues <ie Paris : « Boutez vous en vos maisons et fermez voz huis, car les Bourguignons sont dedens Paris! » et qui à cause de ce avoit depuis esté constitué prisonnier par sentence du prevost de Paris, fut con- ■dampné à estre batu par les carrefours de ladicte ville et privé de toutes offices royaulx, et à estre ung mois encores en prison au pain et à l'eaue. Et fut ainsi mené que dit est batre par lesdiz carrefours dedens ung ort, villain et paillart tombereau dont on venoit de porter la boe en la voierie. Et, en le bâtant par lesdiz carrefours, comme dit est, le monde ■crioit à haulte voix au bourreau : « Bâtez fort et n'espargnez point ce paillart, car il a bien pis desservy 1 » (p. 82). Dans la Danse Macabre, le Sergent est représenté avec sa « mace » fleurdelisée, qu'il tient dans la main droite, et une épée au côté (Paris aux XIV^ et XV^s., p. 305). Cf. en outre Longnon, Paris pendant la domination anglaise, p. 140 et 141. Les sergents à verge au Châtelet portaient, en outre, une hache « comme il appartient a noz sergens pour la garde de la justice a Paris. » Ibid., p. 49 (septembre 1422).
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