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COMMENTAIRE ET NOTES 277

donnée qui servait sans doute de refuge, la nuit venue, aux vagabonds en quête d'un mauvais coup à faire. Aussi Villon nous assure-t-il que huit faucons, non pas dix, n'y eussent pu prendre une alouette. Mais à quoi font allusion ce gre^ et ce manche de houe intentionnellement mis ici par l'auteur, sinon qu'il laisse à entendre qu'il ne restera pas désarmé, le cas échéant, pour se défendre ou... pour attaquer? Ung gre^, c'est-à- dire une forte pierre, comme celle que Villon lança à la tête du prêtre Sermoise (qui en mourut) ; ung manche de houe, ce manche d'un bois très dur et qui constituait une'arme redoutable dont ne manquaient pas de se munir « ceulx qui vont de nuit ribler et rompre huys. » (Fr. 5908, fol. 8°, et Dupuy 250, fol. 32 v", 12 mars 1455, n. st.) Il peut aussi se faire que dans ce « grez » et ce « manche de houe », ce manche de bois auquel était adaptée, par une douille, une lame de fer, Villon ait également songé à ce bâton de houx recourbé à l'une de ses extrémités, et qu'on appelait guinoche ». Dans une lettre de rémission de Tannée 1456, on lit : « Ung baston de houx fourché et reployé par le bout, vulgaument appelle guinoche que le suppliant avoit fait pour soy esbatre a gecter des pierres ou motes de terre au loing. » (Du Cange, s. v. ginochium.) En tout cas, ce « grez » et ce « manche de houe » consti- tuaient ce qu'on qualifiait alors d' « armes invasibles. » Cf. Du Cange, s. V. jarro.

LXXXVII. — Villon modifie le legs qu'il avait fait dans le Lais (XII, V. 89 ; 90 ; 92) à Pierre de Saint-Amand.

V. 1 006-1 01 5. — Le sens de ce huitain, au premier abord asse?: obscur, s'éclaircit bientôt lorsqu'on se rappelle l'habitude, au xv^ siècle, dans une certaine littérature dérivée de la fable ésopique et du roman de Renart, de donner à des personnes des noms d'animaux. (Cf. Schwob, Parnasse satyrique, p. 55 ; 74 ; 141 ; 198 ; Montaiglon, Ane. poésies fr.. t. VIII, L'Escurye des dames, p. 329 et suiv., Guesnon, Le moyen âge, t. XXVIII (191 5), p. 73 ; et surtout G. Paris-P. Meyer, La Littérature fr. au moyen dge (4e édit., 1909), chap. vu, p. 216 et suiv.) On voit alors que ces vers renferment une allusion péjorative reposant sur l'as- similation d'animaux à des personnes. Villon usera encore du procédé à l'endroit de maître Jacques James (Test. CL VI), comme avait fait, avant lui. Deschamps (Œuvres, t. XI, p. 239 et suiv.). Villon avant vraisemblablement sollicité quelques secours de Pierre de Saint- Amand, riche clerc du Trésor, était mal vu de sa femme, qui l'avait

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